Se réapproprier notre espace : Leçons tirées du premier rassemblement bispirituel du CBRC

Dans le cadre du Sommet 2021, le CBRC a présenté sa première journée et son premier rassemblement bispirituels pour marquer le début de sa conférence annuelle. Alors que la matinée fut remplie de conférences et de panels pléniers ouverts à tous·tes, l’après-midi a été réservé aux participant·e·s, autochtones bispirituel·le·s et queer pour qu’iels puissent se réunir et discuter du travail important qui se fait actuellement sur l’Île de la Tortue (Canada). 

« Ce fut une rencontre fort appréciée et fructueuse », affirme Jessy Dame, gestionnaire du programme bispirituel du CBRC. Plus de 70 personnes ont pris part aux activités de l’après-midi, certaines venant d’aussi loin que les Territoires du Nord-Ouest et l’Oklahoma. « Malgré le format virtuel de la rencontre, on pouvait sentir l’énergie dans les conversations et voir l’enthousiasme sur les visages des gens. Et ce qui est formidable à propos des espaces bispirituels, c’est que nous n’avons pas eu à devoir nous expliquer. Nous avons pu commencer sur un pied d’égalité et simplement faire ce qui devait être fait. C’était une expérience très positive et inspirante. »

« Pour certaines personnes présentes, il s’agissait de leur premier rassemblement bispirituel . Tout le monde a apporté des perspectives différentes, et cela a vraiment montré l’importance de pouvoir réseauter entre nous et de participer au travail des autres de manière significative. »

Le rassemblement bispirituel de trois heures, qui s’est déroulé sur Zoom, a commencé par une reconnaissance traditionnelle des terres et une prière d’ouverture de l’Aîné Albert McLeod. Des présentations ont ensuite eu lieu sur le travail actuellement effectué par l’équipe du programme bispirituel du CBRC, ainsi que par les co-présentateur·rice·s de la 2 Spirits in Motion Society. Six panélistes invité·e·s de partout au Canada ont ensuite partagé leurs propres expériences, dont des personnes travaillant dans le milieu universitaire, de la recherche, des relations communautaires et du VIH. À la fin de la journée, la parole a été donnée à toutes les personnes qui voulaient partager d’où elles venaient ou qui souhaitaient discuter du besoin de ressources. « Pour certaines personnes présentes, il s’agissait de leur premier rassemblement bispirituel », explique Dame. « Tout le monde a apporté des perspectives différentes, et cela a vraiment montré l’importance de pouvoir réseauter entre nous et de participer au travail des autres de manière significative. »

L’une des principales conclusions du rassemblement portait sur l’importance de créer davantage d’occasions pour permettre aux personnes autochtones bispirituelles et queer de réseauter et de communiquer sans jugement. « C’est incroyable de voir à quel point ce genre d’événement peut améliorer l’accès des gens, non seulement à leurs pairs, mais aussi aux ressources et aux services », affirme Martin Morberg, le coordonnateur du programme bispirituel du CBRC. « me avec les réseaux sociaux, nous faisons toujours face à des défis en matière de communication. »

Les discours de Jack Saddleback et de jaye simpson, prononcés plus tôt dans la journée, ont tous deux parlé de la nécessité de soutenir et de protéger les jeunes autochtones, ce qui a suscité d’autres conversations sur la nécessité de créer davantage d’occasions de rassembler les jeunes. Les participant·e·s ont échangé leurs coordonnées et leurs profils de réseaux sociaux. L’idée a été proposée de créer une base de données centrale pour mettre en lien les personnes autochtones bispirituelles et queer ainsi que les ressources connexes, avec comme but de faciliter le réseautage. 

« Un autre sujet de conversation a été le tokénisme », affirme Dame. À mesure que les postes pour personnes bispirituelles augmentent dans les institutions allochtones que ce soit dans le milieu universitaire, des soins de santé ou du plaidoyer on souhaite s’assurer que ces personnes soient soutenues. « Nous devons trouver un moyen de créer des réseaux pour faire en sorte que les personnes autochtones puissent s’épanouir au sein des institutions qui les emploient et qu’elles ne soient pas tokénisées », déclare Dame. « Vous ne pouvez pas être la seule personne d’une organisation à parler au nom de toutes les personnes bispirituelles, ça ne marche pas comme ça. »

La nécessité d’avoir une pluralité de voix dans des forums comme le rassemblement du CBRC a également été exprimée. « Au cours de l’événement, il a été clairement établi que nous ne pouvons pas toujours faire appel aux mêmes personnes de renommée; il ne peut pas s’agir des mêmes universitaires bispirituel·le·s que nous entendons toujours », déclare Dame. « Les universitaires comptent autant que les membres de la communauté, et les membres de la communauté comptent autant que les universitaires. Il faut que toutes les voix se fassent entendre. »

Photo prise lors du photoshoot de personnes bispirituelles à Vancouver, BC. (2021)

Il a également été question d’un engagement significatif avec les personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’avec les personnes qui militent et travaillent dans le domaine du VIH. Dame et Morberg ont présenté le projet de sac médecine du CBRC, qui créera d’autres voies d’accès au dépistage et aux ressources en matière de santé sexuelle pour les personnes autochtones bispirituel·le·s et queer vivant en Colombie-Britannique. Contenant une trousse d’autotest du VIH, de la médecine autochtone et du matériel de santé sexuelle, le sac médecine gratuit vise à redonner un caractère sacré au sexe en adoptant une approche holistique aux besoins en matière de santé sexuelle.

« Nous devons remettre en question l’état actuel du VIH, ainsi que l’isolement qui découle de l’accès limité au dépistage et aux réseaux communautaires », explique Dame. « Nous savons que les systèmes de navigation par les pairs et de personnes messagères fonctionnent. Lorsque les personnes autochtones se voient reflétées dans nos systèmes, cela améliore leur accès. En créant des réseaux et des rassemblements où nous pouvons partager nos expériences, nous pouvons déstigmatiser les soins et potentiellement améliorer la sensibilisation au VIH. »

Au cours de l’après-midi, beaucoup de choses ont été partagées et l’équipe bispirituelle du CBRC est en train de consolider ces recommandations dans un rapport communautaire. Toutes les informations seront partagées avec les participant·e·s ainsi qu’avec les organisations bispirituelles et de soutien, et ce, dans le but d’apporter des changements durables.

« Les gens voulaient plus d’événements et plus d’espaces pour avoir ces conversations », dit Morberg. « Des rassemblements comme celui dont nous avons témoigné constituent un acte de résistance en soi, car ils s’opposent au cadre colonial extractif par le biais d’un lien communautaire holistique. Une fois que nous avons établi un sentiment de connexion, nous sommes en mesure de nous mettre au travail. Il n’y a rien de transactionnel dans ces types de rassemblements, ce qui nous permet de faire le plein d’énergie. »

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CBRC

À propos de CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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