Malgré le rôle clé du test Pap dans la prévention du cancer du col utérin, les communautés queers y ont peu accès

La Société canadienne du cancer recommande aux personnes de plus de 21 ans qui ont un col utérin et qui sont sexuellement actives d’effectuer un test Pap à intervalles d’un à trois ans1,2. Le test Pap est une intervention consistant à prélever des cellules du col de l’utérus (un petit organe circulaire situé à l’intérieur des organes génitaux). En examinant ces cellules au microscope, les professionnel·le·s de la santé peuvent constater si certaines sont anormales et, au besoin, les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer.

Cependant, les données récoltées d’avril à septembre 2022 dans le cadre de l’étude Notre santé révèlent que les tests Pap ne sont pas aussi accessibles aux communautés 2S/LGBTQ+ qu’ils devraient l’être.

Seulement 54,5 % des femmes cis queers interrogées étaient à jour dans leur test Pap. Si les retards de dépistage causés par la pandémie de COVID-19 peuvent partiellement expliquer ce pourcentage, il s’agit néanmoins d’une proportion plus basse que dans la population générale. Selon une étude britannique antérieure à la pandémie, les femmes ayant des rapports sexuels avec d’autres femmes étaient 60 % plus susceptibles de ne pas être à jour dans leur test Pap que les femmes ayant des rapports sexuels uniquement avec des hommes4.

Le test Pap est pourtant tout aussi important pour les deux groupes. Le virus à l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus (le VPH)5 est aussi répandu chez les femmes queers que chez les femmes hétérosexuelles6. De même, les femmes queers ont tout autant de risques d’obtenir des résultats nécessitant un traitement pour prévenir un cancer du col utérin que les femmes hétérosexuelles4.


*** Qu’est-ce qui entrave ou facilite l’accès aux tests Pap
des personnes 2S/LGBTQ+ ? ***


Toujours selon les données de Notre santé, les personnes de genre non conforme et les hommes transgenres avec un utérus ont encore moins accès au test Pap que les femmes cis queers. Environ un quart (26,3 %) des hommes trans interrogés avaient effectué un test Pap au cours des trois dernières années. Les personnes de genre non conforme étaient 15 % plus susceptibles de ne pas être à jour dans leur test Pap que les femmes cis, et les hommes trans 70 % plus susceptibles.

Ces conclusions concordent avec celles d’autres études, qui suggèrent que les hommes transgenres et les personnes s’identifiant à la masculinité sont moins susceptibles d’avoir un test Pap à jour que les femmes cis et les personnes s’identifiant à la féminité7,8. Les hommes trans sont pourtant plus susceptibles que les femmes cis d’avoir des résultats de test Pap nécessitant un suivi9,10. Ils devraient être dépistés à la même fréquence que les femmes cis2, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Des actions sont nécessaires pour que davantage d’hommes trans aient accès au test Pap.

Si nous voulons protéger la santé des personnes 2S/LGBTQ+ ayant un col de l’utérus, nous devons changer la manière dont les tests Pap sont administrés dans le système de santé. Cela peut néanmoins s’avérer complexe. En effet, il s’agit non seulement d’éduquer les professionnel·le·s de la santé, mais aussi de lutter contre la discrimination en milieu clinique et de développer des espaces respectueux des personnes queers dans le système de santé.

Afin d’améliorer l’accès de nos communautés aux tests Pap, nous avons conçu une nouvelle ressource : Qu’est-ce qui entrave ou facilite l’accès aux tests Pap des personnes 2S/LGBTQ+ ?. Ce document présente différentes réflexions clés et informations pratiques à l’intention des clinicien·ne·s afin d’améliorer l’accessibilité du test Pap.

Après l’infection au VPH, l’absence de dépistage régulier par test Pap est le plus important facteur de risque du cancer du col utérin6. Il est temps de rendre les tests Pap accessibles à toutes les personnes qui en ont besoin.




Les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement celles de Santé Canada.


Références

  1. Société canadienne du cancer. À quel moment devrais-je passer des tests de dépistage du cancer du col de l’utérus ? Consulté le 18 février 2023.
  2. Société canadienne du cancer. Les hommes trans ont-ils besoin de subir un test de dépistage du cancer du col de l’utérus ? Consulté le 18 février 2023.
  3. Santé Ontario (Action Cancer Ontario). Rapport sur le rendement du dépistage du cancer en Ontario 2020. 2021.
  4. Saunders C.L., Massou E., Waller J., Meads C., Marlow L.A. et Usher-Smith J.A. « Cervical screening attendance and cervical cancer risk among women who have sex with women ». J Med Screen. Septembre 2021; 28(3):349-356. doi:10.1177/0969141320987271
  5. Walboomers J.M., Jacobs M.V., Manos M.M. et al. « Human papillomavirus is a necessary cause of invasive cervical cancer worldwide ». J Pathol. Septembre 1999; 189(1):12-9. doi:10.1002/(sici)1096-9896(199909)189:1<12::Aid-path431>3.0.Co;2-f
  6. Bustamante G., Reiter P.L. et McRee A.L. « Cervical cancer screening among sexual minority women: findings from a national survey ». Cancer Causes Control. Août 2021; 32(8):911-917. doi:10.1007/s10552-021-01442-0
  7. Johnson M.J., Nemeth L.S., Mueller M., Eliason M.J. et Stuart G.W. « Qualitative Study of Cervical Cancer Screening Among Lesbian and Bisexual Women and Transgender Men ». Cancer Nurs. Novembre-décembre 2016; 39(6):455-463. doi:10.1097/ncc.0000000000000338
  8. Peitzmeier S.M., Khullar K., Reisner S.L. et Potter J. « Pap test use is lower among female-to-male patients than non-transgender women ». Am J Prev Med. Décembre 2014; 47(6):808-12. doi:10.1016/j.amepre.2014.07.031
  9. Adkins B.D., Barlow A.B., Jack A. et al. « Characteristic findings of cervical Papanicolaou tests from transgender patients on androgen therapy: Challenges in detecting dysplasia ». Cytopathology. Juin 2018; 29(3):281-287. doi:10.1111/cyt.12525
  10. Peitzmeier S.M., Reisner S.L., Harigopal P. et Potter J. « Female-to-male patients have high prevalence of unsatisfactory Paps compared to non-transgender females: implications for cervical cancer screening ». J Gen Intern Med. Mai 2014; 29(5):778-84. doi:10.1007/s11606-013-2753-1

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