La discrimination en milieu de travail nuit à la santé des hommes gais, bis, queers et trans

Nous sommes beaucoup à nous rendre au travail sans même penser à notre sexualité ou à notre genre. Nos milieux de travail sont des endroits sûrs, où nous pouvons être ouvertement gais, bis, trans ou queers. Notre identité ne nous met pas à risque de perdre notre emploi. Cette expérience nous semble aller de soi, mais les choses ne sont pas si simples.

En collaboration avec des collègues du CBRC et des étudiant·e·s de cycle supérieur, j’ai récemment publié une étude sur la discrimination en milieu de travail dans les Annals of LGBTQ Public and Population Health. Nous avons constaté que 5 % des hommes gais, bis, queers et trans (GBTQ) sont encore victimes de discrimination en milieu de travail.

Nous avons analysé les données de l’enquête Sexe au présent de 2015, qui colligeait les réponses de 7 872 hommes GBTQ en provenance de partout au Canada. Nous avons constaté qu’au cours de l’année précédente, 6,5 % des personnes interrogées avaient été victimes de discrimination en milieu de travail en raison de leur sexualité. Ces chiffres représentent plus d’un homme sur 20. Sachant que les hommes GBTQ représentent 4 % de tous les hommes adultes au Canada, nos résultats indiquent que près de 40 000 hommes GBTQ sont victimes chaque année de discrimination en milieu de travail parce qu’ils sont gais, bis, trans ou queers.

Nous avons également constaté que les hommes victimes de discrimination en milieu de travail étaient plus susceptibles de subir de la violence conjugale ou d’avoir fait une tentative de suicide, et moins susceptibles de se déclarer en bonne santé. En résumé, la discrimination en milieu de travail nuit aux membres de notre communauté, et peut même entraîner leur mort.

En outre, elle touche davantage certains sous-groupes, tels que les hommes queers, trans, autochtones et latinos.

Il faut agir

La discrimination en milieu de travail freine la participation des hommes GBTQ au marché du travail et leur capacité à gagner leur vie. Nous passons la majeure partie de notre temps au travail ; nous avons le droit de nous y sentir en sécurité. Notre santé en dépend.

Les lois et protections actuelles ne sont pas suffisantes. Nous exhortons tous les paliers de gouvernement et tous les employeurs du Canada à adopter des politiques de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie.

Pour lutter contre la discrimination, les employeurs doivent également mettre en place des systèmes de signalement que les employés GBTQ peuvent utiliser en toute sécurité. Malheureusement, trop de victimes de discrimination gardent le silence parce que les mécanismes en place ne sont pas appropriés.

Enfin, pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, il est important que les personnes queers ne se sentent plus invisibilisées en milieu de travail. Les employeurs peuvent remédier à ce problème en offrant aux membres du personnel 2S/LGBTQ+ la possibilité de nouer des liens et en améliorant leur visibilité.

 

Par Olivier Ferlatte

Olivier Ferlatte est professeur adjoint à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche en santé publique (CReSP). Il est le directeur de Qollab, un laboratoire de recherche communautaire et collaboratif favorisant la participation des personnes 2S/LGBTQIA+ dans la recherche.

 

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CBRC

À propos de CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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